La dissolution par le ministère des Sports du bureau constituant de la Fédération des sports électroniques (pas élu bien entendu) a fait polémique. Entre contestataire et content, ce concept, encore vague et très rentable des sports électroniques, a besoin de temps et de textes pour qu’on lui connaisse l’étendue. Cette dissolution a-t-elle des raisons personnelles ? Des raisons techniques ou même économiques (les fédérations des sports collectifs, essentiellement le foot, réclament leur droit à l’exploitation de l’image et la pratique, même virtuelle, de leurs sports) ?
Finalement, le dossier est compliqué, mais la décision ministérielle est souveraine, en attendant le recours intenté par le bureau dissout. Mais il ne faut pas oublier l’attrait économique de ce type de sports avec un effrayant nombre de joueurs qui réclament, eux aussi, leur argent et leur part dans la cagnotte créée. Ce dossier nous a apporté un chiffre que nous pensons exagéré et invraisemblable. Celui du nombre de fédérations sportives en Tunisie. On a bel et bien plus de 50 fédérations financées à différents degrés par le ministère des Sports (l’argent du contribuable). C’est quoi ce nombre fou et disproportionné par rapport aux moyens de l’Etat ?
Et cette dizaine de fédérations créées en deux ans et qui ciblent des sports émergents, méconnus et qui ne concernent, dans plusieurs cas, que quelques dizaines de personnes (entre familles et amis !) ? Cette dégénérescence de fédérations sportives ne veut pas dire que l’Etat développe le sport.
Dans le cas tunisien, cet élargissement n’a qu’un seul résultat : compromettre le budget du ministère et, surtout, presser l’affectation des budgets (déjà diminués) des fédérations reconnues. Chaque fédération créée réclame un financement public ( c’est son droit finalement), une part du budget alloué à l’élite et donc une contrainte de plus pour ce ministère pas stratégique aux yeux du gouvernement. Il est vrai que tout sport, qui cible un nombre de pratiquants et qui peut s’organiser autour de clubs et de licenciés, a le droit d’avoir sa fédération, mais remarquons que des personnes cherchant le pouvoir et la collecte de l’argent ( à travers des espaces privés payants et des événements échappant à l’autorité ministérielle), via des sports peu intéressants, sont les uniques bénéficiaires. Sans oublier les casse-têtes juridiques et les conflits au sein de plusieurs fédérations créées. Parlons aussi des anciennes fédérations sportives, en premier lieu des sports individuels où le nombre de clubs et de pratiquants diminue à vue d’œil.
Le tout sous l’emprise de quelques présidents à vie qui usent de leurs postes éternels pour dominer ces sports. C’est au ministère des Sports de redresser la barre. Un nouveau ministre s’installe et des nouveaux (anciens) responsables et collaborateurs dont plusieurs connaisseurs (écartés par le passé au profit de plusieurs illustres inconnus parachutés n’importe comment !) ont des gros chantiers. Mais un de ces chantiers est bien entendu cette infructueuse série de création de fédérations sportives qui ne font que disperser les moyens, déjà limités. Mais le mal est déjà fait. On ne peut plus revenir en arrière. Un vrai casse-tête qui nuit au sport de performance.